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Entretien avec un artiste

Enrico Isamu Oyama

ARTISTE

Relier le street art à l'histoire de l'art
Quick Turn Structure

Enrico Isamu Oyama est un artiste qui repousse les limites du street art, en créant une forme d'expression unique et innovante.
Son style caractéristique, « Quick Turn Structure », captive les spectateurs par ses lignes dynamiques et sa beauté structurelle, traversant avec aisance divers domaines de l'art.
Dans sa dernière œuvre, FFIGURATI #645, créée pour ce magazine, il collabore avec le célèbre BBoy Shigekix.
À travers cette collaboration, nous explorons les concepts utilisés comme point de départ pour arriver à l’œuvre finale et nous découvrons la philosophie artistique d’Oyama.

Danseur de breakdance vêtu de noir et blanc en position d'équilibre sur les mains devant une œuvre de street art en noir et blanc
Danseur de breakdance vêtu d'un t-shirt noir et d'un short blanc en position d'équilibre sur les mains devant une œuvre de street art en noir et blanc

Gauche / Droite
Enrico Isamu Oyama, FFIGURATI #645, 2024
Collage numérique, impression offset, papier
15,6 × 23,4 cm chacun / Lot de deux
Création/Œuvre ©Enrico Isamu Oyama / EIOS
Danseur ©Shigekix
Photo ©Shu Nakagawa

Interview

Lignes sans limites
Structures en couches

Basé à New York, Enrico Isamu Oyama a réalisé cet interview dans son studio de Tokyo, EIOS Tokyo, qu'il a établi en 2020 comme deuxième base. L'espace, avec ses plafonds de 6 mètres, est entouré de murs blancs qui portent les vestiges de ses œuvres passées. Au-dessus de sa tête, des toiles en cours de réalisation sont suspendues, tandis que ses outils principaux sont méticuleusement organisés autour de lui. Cet environnement ressemble à un laboratoire expérimental pour Oyama, qui est également reconnu comme un chercheur dans le domaine du graffiti.

Pouvez-vous nous parler de votre style caractéristique « Quick Turn Structure » ? Qu'est-ce qui a inspiré sa création ?

Pendant mes années de lycée, j'ai été influencé par le premier boom de la street culture à Tokyo. Beaucoup de mes camarades de classe pratiquaient le skateboard et le breakdance, ce qui m'a donné envie de faire quelque chose de différent. Étant passionné par le dessin depuis toujours, j'ai très vite été attiré par le street art, et j’ai ainsi commencé à le remarquer de partout autour de moi. Alors que la culture du graffiti met l'accent sur les noms et les lettres, j'ai été captivée par les éléments visuels, en particulier le dynamisme et la tridimensionnalité des lignes. Cette prise de conscience m'a incité à me concentrer sur le mouvement plutôt que sur le texte, ce qui a conduit à la naissance de « Quick Turn Structure ».

Quels sont les mécanismes qui régissent « Quick Turn Structure » ? Pouvez-vous nous faire part des règles qui définissent sa création ?

Tout part des mouvements corporels, en se concentrant particulièrement sur les épaules et les coudes, qui constituent l'axe à partir duquel les bras se balancent. Cela crée des formes qui s'étendent vers l'extérieur. En ajoutant des lignes parallèles, une structure tridimensionnelle apparaît. Ces couches se superposent et se connectent, créant une ligne fluide qui possède également une forme structurelle. Je crois que cette dualité est une caractéristique de mon expression.

Vous avez créé des œuvres d’art spécialement pour ce magazine. Pouvez-vous nous expliquer votre processus de réflexion, depuis le moment où vous avez reçu la commande jusqu'à la production finale ?

J'ai voulu puiser dans la philosophie qui se cache derrière le produit, au-delà de son simple design. Puisque CASIO a commencé par créer des calculatrices avant de créer G-SHOCK, j’ai fait partir ma vision du concept de « digital ». Comme je m'inspire de la street culture, je me suis intéressé aux athlètes issus de cette street culture. Cela m'a amené à proposer une collaboration avec Shigekix, un BBoy soutenu par G-SHOCK.

L'artiste Enrico Isamu Oyama se tient devant un mur blanc sur lequel on peut voir des graffitis noirs.

Quel est le concept derrière l'œuvre d'art ?

Puisque l'œuvre d'art allait être exposée dans un magazine, j'ai voulu tirer parti de ce support. La représentation digitale est exprimée en code binaire - 0 et 1 - à l’origine du scintillement de la lumière. J'ai donc créé deux visuels alignés l'un à côté de l'autre, produisant un effet de scintillement. J'ai demandé à Shigekix de poser pour deux photos, en utilisant une technique où chaque élément - la casquette, le T-shirt, le pantalon et les chaussures - était inversé en noir et blanc, afin de créer un lien avec « Quick Turn Structure ». Il en résulte une œuvre qui fait fusionner digitalisation, la street culture, expression visuelle et expression corporelle.

En tant que réalisateur, quelle a été votre impression sur la performance de Shigekix ?

Sa performance était parfaite. Son professionnalisme en tant qu'athlète est vraiment remarquable. Généralement, le breakdance implique de bouger au rythme de la musique, mais cette fois-ci, nous avons cherché à capturer un moment de calme. Je crois que nous avons présenté une forme sculpturale différente de sa performance habituelle, en soulignant la beauté de son mouvement signature, le « freeze ».

Après avoir travaillé dans le cadre de diverses collaborations, qu'avez-vous appris ou acquis de ces expériences ?

Les collaborations sont vitales pour moi. La « Quick Turn Structure » s’autosuffit, ce qui signifie qu'elle peut être présentée comme telle. Toutefois, elle doit s'adapter à diverses conditions extérieures. Il peut s’agir des propriétés physiques des matériaux ou des substrats, ainsi que/ou bien de la communication et le brainstorming avec d'autres artistes, conservateurs ou entreprises. Ce processus permet à Quick Turn d'évoluer. Le concept de cette œuvre d'art, FFIGURATI #645, est uniquement lié au fait que ce projet soit issu d’une collaboration. Initialement prévue pour une publication dans un magazine, FFIGURATI #645 a depuis évolué en FFIGURATI #646, qui clarifie davantage le concept de scintillement et se transforme en une pièce vidéo taillée pour les plateformes numériques comme Instagram. Je collabore afin d'élargir le potentiel des formes encapsulées dans « Quick Turn Structure », et j’élargis ainsi mes propres horizons artistiques.

01.

Lors de la séance photo pour FFIGURATI #645, Oyama a participé activement à la direction de tous les éléments, de l'arrière-plan à la composition. Il a méticuleusement vérifié et ajusté tout en échangeant des idées avec Shigekix, s'assurant que la figure « freeze » correspondait à leur concept artistique tout en tenant compte de sa reproductibilité.

02.

Un espace de tournage a été aménagé dans un coin du studio. Les murs affichent la « Quick Turn Structure », dessinée directement sur une toile, et qui laisse des empreintes une fois la toile retirée. Ces couches superposées font du mur lui-même une œuvre d'art.

Trois hommes se tiennent devant un écran d'ordinateur dans un atelier.

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Mur blanc d'un atelier recouvert de graffitis noirs.

02

Œuvre d'art abstraite en noir et blanc d'Enrico Isamu Oyama.

Quelle est l'importance de G-SHOCK pour vous ?

Une montre est par essence un outil qui sert à mesurer le temps. En ce sens, la G-SHOCK transcende cette simple fonctionnalité. La vie moderne est remplie d'outils qui permettent de savoir l’heure qu’il est, et la G-SHOCK est bien plus qu'une simple montre. C’est un véritable accessoire de mode, et elle possède une présence qui la rend multidimensionnelle et percutante.

Quels sont les principes qui guident votre processus de création en studio ?

Comme j'y passe beaucoup de temps, je veux que cet espace soit confortable pour moi. Je m'efforce de minimiser le stress dans mon travail, en veillant à ce que l'environnement soit optimisé pour le processus créatif. Dans un sens, le studio agit comme une extension de mon corps. Lorsque je travaille sur un tableau, chaque action modifie sa composition - l'ajout d'une ligne en haut à droite peut changer radicalement la dynamique de la toile. Ce qui semblait parfait il y a quelques instants peut soudain sembler incertain. Je ne supprime pas d'éléments, mais j'en ajoute sans cesse pour trouver l'équilibre, ce qui demande une grande concentration. C'est lors de ce moment d'immersion que je me sens le plus captivé par l'œuvre.

Enrico Isamu Oyama porte une casquette noire, une chemise marron et montre digitale G-SHOCK noire, et est assis devant l'une de ses œuvres d'art.

Enrico Isamu Oyama

Enrico Isamu Oyama (né en 1983, Italien / Japonais) crée des œuvres d'art visuel sur différents supports avec la « Quick Turn Structure ». Le motif noir et blanc se compose de la répétition et de l'expansion spontanées de lignes fluides extraites du langage visuel de l'écriture en aérosol/du graffiti, le genre principal du street art contemporain, qui trouve son origine dans les années 1970-80 à New York. Depuis 2020, Oyama travaille dans deux studios à New York et à Tokyo.

À gauche :
Le sol est recouvert d'un drap blanc. « Les murs et le sol se salissent facilement », note Oyama, mais même les marques semblent être des fragments d'art. L'ensemble de l'espace est à l'image de ses mouvements, rempli d'une énergie créative inspirante.

À droite :

Tous les équipements du studio sont unifiés en noir et disposés de manière à permettre un accès immédiat en cas de besoin. Le chariot à outils contient environ dix stylos et pinces à épiler de chaque type, ce qui permet d'assurer le confort de travail mentionné lors de l’interview.

Pinceau, rouleau de peinture et taches de peinture devant une toile peinte en noir.
Bureau dans un atelier avec des crayons, des gobelets et des câbles de chargement.
Vue aérienne de l'atelier d'Enrico Isamu Oyama.

Le loft situé à l'intérieur de l'atelier permet de créer des œuvres sur toile de grande taille. Chaque meuble est équipé de roues, ce qui permet de les déplacer facilement afin de s’adapter aux besoins du processus de création.

Tokyo

Photographies de Tokyo tirées de l'édition spéciale de Thistime consacrée à la capitale japonaise. Cette image renvoie à/redirige vers la page d'aperçu de Thistime.

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La scène créative des créateurs de Tokyo

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